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Lettre envoyée à Pierre-Emmanuel de Casaux (1), président à mortier du parlement de Bordeaux, de son frère à Paris. Son frère lui donne les nouvelles de la guerre, ainsi que sa recherche pour une batterie de cuisine pour lui. Ecrit juste quelques semaines avant la bataille de Wilhelmsthal au mois de juin.
Son frère vient d'être nommé commandant de bataillon.
Adressé à:
A Monsieur de Casaux
Président à mortier du parlement de bordeaux
A Bordeaux
A Paris le 16 avril 1762
J’ay appris à mon arrivée ici, mon très cher frère, que notre armée était sortie des ses quartiers et que le régiment du Roy avoit marché ainsi que les autres pour s’opposer à un mouvement que paroissoit vouloir faire le Pr Ferdinand (2) sur Gottingue. Heureusement l’orage s’est dissipé et tout est tranquille pour le présent, quoi qu’il en soit je vais prendre le parti de rejoindre incessamment et en poste pour réparer le temps que j’employe ici.
M. le Pr de Soubise (3) est parti pour l’Allemagne. Il est décidé que le Maréchal d’Estrées (4) partira d’icy le 26 et arrivera le 5 mai à Francfort. il y aura un corps sur le Bas-Rhin aux ordres de M. le Pr. de Condé (5); voilà nos préparatifs de guerre, on parle icy beaucoup plus de paix mais ce n’est qu’une paix sur terre plusieurs la croyent très prochaine.
M. de Tremille (?) quitte le département qu’il avoit dans le ministère de la guerre lequel devient réuni au ministre.
Je passe à des objets plus particuliers. je rencontray avant hier ton ancien et digne ami le M. de Sarsfield (6) j’eus occasion de m’entretenir longtemps avec luy et de luy parler de toi, il me parut extrêmement sensible au bon souvenir que tu as conservé de lui, il me pria avec des instances réitérées de te parler de lui et de t’assurer de son éternelle amitié. Son frère qui est fort aimé de M. de Soubise vient d’être nommé maréchal des logis de la cavalerie.
Je n’ay point perdu de vue ta commission pour la nouvelle batterie de cuisine en fer battu et étamé à la manière du levant.. Je me suit transporté chez le Sr. Houël et après l’examen des pieces qu’il m’a présenté je me suis confirmé dans la défiance que j’avois déjà des annonces publiques, cependant pour en juger plus sûrement j’ay fait acheter quelques pièces dont je feray l’essay et je te donnerai avis du succès. Il y a une autre invention qui mérite, je pense, plus de faveur c’est une batterie de cuisine dont tous les ustensils sont en terre de fayence et très bien tournés. Je te la feray connoitre à mon retour si tu en es curieux.
Je finis par, où j’aurais commencer, j’ay reçu aujourd’huy de M. Montz la somme de 4590# sur ton compte ainsi que nous en étions convenus, je n’ay point vu sa femme elle est très incommodée d’une perte.
Adieu mon très cher frère je t’embrasses de pout mon cœur mille tendres compliment à ma belle sœur.
Ma nomination au commandement de bataillon est une affaire consommé.
Le Chr de Vigier vient d’être breveté Colonel et en conséquence est parti pour rejoindre.
Sceau rouge sur le dos
Plie pour former une enveloppe.
(1) Pierre-Emmanuel de Casaux (1716–1778) fut président à mortier au Parlement d Bordeaux au XVIIIe siècle.Parlement de Bordeaux : L’un des parlements les plus influents de France, avec environ 10 présidents à mortier à la fin du XVIIe siècle. Ces postes étaient souvent héréditaires et réservés à des familles nobles.
(2) En 1762, le prince Ferdinand de Brunswick remporta une victoire décisive contre les Français à la bataille de Wilhelmsthal, marquant l’un des derniers grands affrontements de la Guerre de Sept Ans en Europe
(3) En 1762, le prince de Soubise, Charles de Rohan, commandait les troupes françaises en Allemagne pendant la guerre de Sept Ans, mais subit une défaite majeure face au prince Ferdinand de Brunswick à la bataille de Wilhelmsthal.
(4) En 1762, le maréchal Louis Charles César Le Tellier, comte d’Estrées, partageait le commandement de l’armée française en Allemagne avec le prince de Soubise, mais subit une défaite importante face au prince Ferdinand de Brunswick à la bataille de Wilhelmsthal.
(5) En 1762, le prince de Condé, Louis-Joseph de Bourbon, participa aux campagnes militaires de la guerre de Sept Ans, bien qu’il n’ait pas joué un rôle central cette année-là. Il était alors un jeune officier en pleine ascension dans l’armée française
(6) En 1762, M. de Sarsfield était un officier français actif dans la guerre de Sept Ans, notamment dans les campagnes en Allemagne. Il est mentionné comme commandant de troupes sous les ordres du prince de Soubise et du maréchal d’Estrées.